Littérature
Chasser, cueillir, s’installer
Dans le cadre d’une expérience radicale, le chercheur britannique Charles Foster a tenté de comprendre par lui-même comment vivait l’être humain, ou plutôt l’Homo sapiens, au début de l’Âge de pierre, il y a environ 40 000 ans. C’est à cette époque que, selon les hypothèses scientifiques, la « modernité culturelle » a commencé à se développer, avec des rites funéraires, la peinture et la musique. Pour ce faire, Foster a vécu dans les forêts, lutté contre la faim et le froid, affronté les premiers démons de la civilisation, rencontré des agriculteurs biologiques, visité des abattoirs et fait l’expérience de toutes sortes d’états de conscience. En tant qu’éthicien médical et vétérinaire doté de solides connaissances spécialisées, Foster ne se contente pas d’écrire sur sa propre expérience, mais il relie également son expérience radicale aux connaissances scientifiques sur les humains et les animaux.
Le chercheur, qui a déjà tenté de vivre comme un animal dans le cadre d’autres expériences personnelles tout aussi radicales, est convaincu que l’être humain dispose de nombreux types de perceptions sensorielles qu’il n’utilise généralement pas. Tout le contraire des hommes de l’Âge de pierre qui, selon la conviction de Foster étayée par des études anthropologiques et ethnologiques, utilisaient mieux leurs sens et faisaient des expériences pour lesquelles nous manquons aujourd’hui d’ouverture d’esprit, notamment parce que nous avons une conception beaucoup trop étroite de la vie des animaux.
Charles Foster (2025): Nous, les humains: Un voyage de 40 000 ans aux origines de la conscience. Actes Sud.
10 Lessons of my Life. Ce qui compte vraiment.
Dans cet ouvrage, le musicien et chef d’orchestre Kent Nagano revient sur les leçons qu’il a apprises de manière imprévue et inattendue au cours de sa carrière. Le livre traite des rencontres qui ont marqué la vie et la pensée du chef d’orchestre international bien au-delà de sa carrière artistique. Leonard Bernstein lui a par exemple appris qu’il n’y a pas de réponses définitives en musique, ni dans d’autres domaines. Frank Zappa lui a enseigné que les vrais artistes ne font pas de manœuvres tactiques. Björk lui a appris à prendre le hasard au sérieux. Parmi les leçons que Nagano a apprises dans son parcours en tant que chef d’orchestre, on trouve également des notions telles que l’humilité, l’intégrité ou l’art de renoncer. Rétrospectivement, Nagano est convaincu d’avoir appris de ces rencontres des choses qui ne s’apprennent pas dans les livres et les partitions, mais uniquement auprès des gens.
Parmi ces souvenirs racontés de manière divertissante figurent également des expériences d’échec et des leçons amères. Comme celle d’avoir été renvoyé dès son premier emploi de chef d’orchestre à cause d’une négligence. Mais cela aussi s’est finalement transformé en « leçon » : il n’a plus jamais commis la même erreur. Et il a compris : « Nous devons être mis au défi, confrontés à l’impossible, provoqués à le relever. »
Kent Nagano (2021): 10 Lessons of my Life. Was wirklich zählt. Berlin Verlag (édition en allemand).
Ne mettez pas le sable dans votre tête
Pourquoi il ne faut pas mettre la tête dans le sable, cela va sans dire, surtout en ces périodes instables que nous traversons actuellement. Mais pourquoi ne faut-il pas mettre le sable dans sa tête ? Ce que l’auteur veut dire ici, c’est qu’il ne faut pas prendre pour vérité le sable que l’on vous jette aux yeux.
L’auteur autrichien, dont le livre regroupant essais, réflexions et poèmes ne rentre dans aucune catégorie, ne se qualifie pas de philosophe, mais plutôt d’« écrivain s’intéressant à la philosophie ». Dans ses analyses comtemporaines, il aborde de manière critique et stimulante les grandes questions difficilement résolubles liées aux crises et aux guerres actuelles, ainsi que les aspects triviaux du quotidien, comme l’éponge de bain à manche. Ce qui amène l’auteur lui-même à conclure : « Dans ce livre, qui est construit sur du sable, règne une certaine confusion. La publicité dirait qu’il y a un lien, une cohérence dans cette confusion. Non, c’est l’expression d’une conscience déchirée. » Et donc, une fois de plus, d’une actualité brûlante.
Franz Schuh (2025): Steckt den Sand nicht in den Kopf. Zsolnay (édition en allemand).